Mariane Pearl : Lumière du Cœur

Mariane Pearl : Lumière du Cœur

Le livre de Mariane Pearl Cœur invaincu est le récit de l'attente jusqu’au dénouement tragique que l’on connaît. L'assassinat macabre de Daniel Pearl, son mari, n'a aucunement engendré la haine chez Mariane qui en fait un livre lumineux.

Itinéraire

Ma mère et est née à la Havane. Mon père, Néerlandais, est né à Amsterdam et a en réalité eu des problèmes identitaires. Il était Juif et et a immigré pendant la guerre dans le sud de la France pour se sauver. Il y a intégré une église catholique. Il savait lui-même très bien qu’il était à la fois Juif néerlandais et catholique français ; en fait il était très perturbé. Beaucoup de choses l’ont ensuite amené en réalité à rejeter un peu son milieu bourgeois, néerlandais, hypocrite pour essayer de s’associer à des mouvements populaires de révolution. Il était un peu attiré par les révolutions. C’est ainsi qu’il s’est trouvé à Cuba et qu’il est tombé amoureux de ma mère. Maman était une métisse pauvre et qui allait comme c’était le cas à l’époque derrière les grands hôtels voir la tête des étrangers. C’est ainsi qu’ ils se rencontrés et sont mariés. Je suis née de cette union ainsi que mon frère plus grand que moi qui vit à la Havane. Mon père ainsi que d’autres sont partis parce que Cuba n’était pas  très bien pour une famille comme la nôtre. Mon père a trouvé du travail en France où ils sont venus s'installer et où je suis née.

Identités

Mes parents m’ont appelé Mariane pour la révolution française, pas pour la république. J'imagine que c’était un peu cet héritage-là qu’ils voulaient me donner. J’ai navigué entre les extrêmes toutes mon enfance, cela dans diverses identités ; C’était donc logique pour moi d’aller vers d’autres monde.

Journalisme 

J'ai choisi le journalisme après avoir étudié plusieurs langues pour le gout d'aller à la rencontre des autres à travers le monde. Je suis interprète de formation en anglais et espagnol. Je pouvais donc m’exprimer dans plusieurs langues. J'ai choisi le journalisme pour l'intéret que j'ai pour les gens. En fait, j’avais un ami qui était atteint de sida, il était en fin de vie. Comme il studio de montage chez lui et il a voulu qu’on fasse quelque chose ensemble, c'est ainsi que nous avons fait un petit portrait dans un court métrage sur la séduction. C’est cet ami qui m’a conseillé de m'orienter vers le journalisme, chose que mon grand-père m’avait déjà dite auparavant à Cuba parce que je posais beaucoup de questions. Ce sont les deux personnes qui ont été à l’origine de ma décision de devenir journaliste.

Radio

Quand j’ai commencé à faire de la radio à RFI (Radio France International) j’étais étonnée que l’on ne valorise pas plus l’immigration. La multiplicité est pour moi ce qui donne la couleur. C’est ce qui fait la richesse du monde. J’ai voulu donc mettre en place une émission qui parlerait de questions multiculturelles de façon positive. L’on essayait de montrer aux gens à quel point l'on avait besoin de ces immigrés, de la culture, la musique, de la réflexion, de l’expérience. On s'y retrouvait presque tous étant donné que nous sommes tous des enfants d’ailleurs.

Rencontre

J'ai rencontré Dany à Paris. La première fois il était accompagné d’une grande jeune femme blonde très jolie, une designer en lingerie féminine. La jeune femme étais en fait avec lui un peu par hasard. Un ami  nous a présenté tous les deux en tant que journalistes. Nous avons justement parlé tous les deux d’immigration parce qu’il faisait en ce moment-là une enquête sur les immigrants en Arabie-Saoudite. Le thème était intéressant. Je lui ai parlé de mon émission qu'il aussi apprécié, je l’ai trouvé très charmant. Nous sommes revus plusieurs fois, nous avns abordé des sujet comme la situation en Iran, en Arabie Saoudite, au Moyen-Orient. et je l’ai trouvé très intéressant, très attirant et en fait il est reparti ce soir-là avec une sorte de sentiment qu’il n’était pas tout seul. Ensuite on s’est écrit, il m’a envoyé des articles, on s’est envoyé des lettres. Notre correspondance a duré plusieurs mois parce qu’il voyageait beaucoup meme si officiellement il était basé à Londres. Quatre mois après notre première rencontre il est revenu à Paris avec un livre qu’il m’a offert et là j’ai été fascinée et je me suis dite que quelqu’un qui aime ce genre de lecture, qui l'offre est quelqu’un qui m’intéresse.

Voyageur

Dany connaissait l’avion comme moi je connais le métro. Il faut préciser qu’il était effectivement journaliste au Wall Street Journal, journal prestigieux tout de même. Il était basé constamment à Londres, mais il voyageait énormément et il avait donc cette espèce de mobilité à laquelle j’étais habituée. Mais c’est vrai que pour quelqu’un qui était le matin à New-York et le lendemain à Londres, c’était étonnant. Mais bon comme on s’est tout de suite très bien entendus, on a commencé à voyager ensemble. Nous avons fait une liste de pays à  visiter. Nous étions tout le temps ensemble, on a fait deux fois le tour du monde ensemble.

Tandem

Je me suis senti à un moment donné un peu à l’étroit à Paris. Dany m’avait donné plus d’appétit pour le monde et puis une possibilité d’aller mieux le connaitre. Il a été nommé ensuite chef de bureau pour l’Asie du sud. Je savais qu’il avait besoin de cela, qu’il avait besoin d’élargir ses horizons. Il avait travaillé pendant cinq ans au Moyen-Orient. Cinq ans, cela devient frustrant, on s’enlise un peu. Je savais qu’il avait besoin de ressourcer son champ, ses perspectives et l’Asie du sud- il était basé à Bombay - c’était un vrai défi pour lui. Je pense qu’il était prêt pour ce challenge et j’ai accepté de partir avec lui.

23 janvier 2002

En Asie du sud, la région qu’il couvrait pour le journal comprenait le Pakistan, le Népal… Après les attentats du 11 septembre, le Pakistan est devenu le pays phare de la planète. Dany étant chef du bureau d’Asie du sud, c’est lui qui travaillait sur le sujet. Il a eu un rendez-vous parmi tant d’autres. En fait c’était un kidnapping qui avait été élaboré comme un piège. C’était très difficile pour qui que ce soit de se méfier. C'est ainsi qu'il a été kidnappé. Plus qu'une attente, c’était une bataille. On s’est battu, on a essayé de le trouver. J’étais en fait avec l’une de ses collègues qui était son amie aussi, une Indienne,  on s’est vraiment battu.

Soutien

Avec le soutien de certains policiers pakistanais et de policiers américains, nous avons réussi à créer une sorte d’équipe très solide. Nous étions tous encouragés par ces gens qui donnaient le maximum d’eux-mêmes, bien sûr ils m’auraient compris. C’était l’antithèse des gens qui maintenaient Dany en captivité. Au niveau de cette lumière, de cet espoir, au niveau du cosmopolitisme de cette petite maison, il y avait des juifs, des musulmans, des bouddhistes. La haine était une réaction immédiate mais je ne l'ai plus aujourd'hui.

  Un coeur invaincu : La vie et la mort courageuses de mon mari Daniel Pearl   Plon 

 

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