"Oriented" ; "je suis amoureux de l'ennemi"

La relation entre juifs et arabes sur la Terre Sainte, telle qu’elle ressort des médias grand public, donne à penser que tout se résumerait à quelques mots : « colonisation », « terrorisme », « haine réciproque de l’autre » et « intégrisme religieux ». La réalité est bien sûr plus complexe. « Oriented », le documentaire du Britannique Jake Witzenfeld est un exemple de cette complexité en suivant trois amis palestiniens, arabes et gays qui résident à Tel Aviv. Nationalistes, ils n’en apprécient pas moins le style de vie hédoniste de la métropole israélienne. L’un des intervenants, Khader Abu-Seif, a d’ailleurs pour boyfriend un Israélien juif, ce qui lui fait dire : « Je suis amoureux de l’ennemi ». Le regard effectivement porté sur son couple mixte n’est pas toujours bienveillant.

Présenté en avant-première le 6 juin au festival du film documentaire de Sheffield puis projeté le 11 juin au festival du film de Los Angeles, Oriented bénéficie d'excellentes critiques. le magazine Advocate vient même de le lister dans le top 3 des meilleurs films LGBT du Moyen-Orient. Va-t-il être diffusé en France ?

Trois jeunes gens d'une vingtaine d'années sont rassemblées dans un appartement de Tel-Aviv et se préparent à aller à une fête dans un bar de Jaffa populaire.

. Parler en arabe avec des expressions hébraïques et à l’occasion des expressions anglaises, ils se réchauffent avec de la vodka et du jus de pamplemousse assis sur des canapés, parler et écouter de la musique. Y aura-Juifs à la fête? demande l'un des jeunes hommes. Oui, répond à une autre. Il y aura certains. Mais ils sont de gauche. Ils nous soutiennent. Ils ne vont pas venir chanter "Viva la profession.» Le troisième dit, avec une ironie lourde, «Droit, ils viennent pour nous sauver.» Les trois hommes rient. «Nos sauveurs», disent-ils.

"Oriented", un film documentaire réalisé par Jake Witzenfeld, suit la vie de Khader Abu Seif et ses amis Fadi et Naim. Tous les trois sont des citoyens palestiniens d'Israël homosexuels qui vivent et travaillent à Tel-Aviv. Ils sont politiquement actifs et affirment au sujet de leur droit de définir leur propre identité complexe - et ils ne sont pas du tout intéressés à se conformer aux attentes des autres.

C’est probablement le premier film sur les Palestiniens gay libre de tous les clichés. Sur une période d'environ 18 mois, le film se déplace de Tel Aviv vers les villages de Galilée, à Berlin et à Amman. Une période du tournage coïncide avec la guerre 2014 à Gaza et l'immolation de Mohamed Abu Khdeir à Jérusalem-Est. Pendant que les trois hommes préparent leurs repas et dansent lors des fêtes sur la plage, ils diffusent des déclarations politiques via des vidéos chorégraphiés ils téléchargent sur Youtube, eux et leurs amis contestent avec succès les idées reçues sur la vie homosexuelle dans le Moyen-Orient arabe - en particulier les modèles politiquement chargés qui sont imposées aux Palestiniens homosexuels par la société israélienne juive.

Khader, le protagoniste charismatique du film, se mêle à un public juif au centre ouvert de Tel-Aviv pour LGBTQ, il est membre d'une nouvelle génération de Palestiniens - celle que la plupart des gens ne connaissent pas.

Khader, qui est né et a grandi à Jaffa, vit à Tel Aviv avec son partenaire juif, qui a immigré en Israël en tant qu'enfant d’Arménie. Ses parents savent qu'il est gay et l'acceptent. Khader, Fadi, Naim – intègre Nagham, une femme une ancienne collègue de infirmière de Fadi à leur groupe membre de qui devient de plus en plus soudé.

Tous ont trouvé un degré de liberté à Tel-Aviv qu’il n’avait pas dans leurs villes natales conservatrices. .

Naim, qui au début du film se décrit comme "palestinien, végétarien, athée et féministe," n'a jusqu'à présent pas venir à ses parents, ce qui est un problème permanent qu'il aborde enfin bravement. Mais Fadi, a une sorte de mélancolie qui se décrit comme «très politique,"

Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=J0PKz3Qz9uw&feature=youtu.be